Parents séparés : comment bien communiquer devant l'enfant ?
Publié le 12 juin 2015 à 11:35
L'enfant n'a pas à subir les désaccords que ses parents peuvent avoir. C'est pourquoi il est important que des parents séparés apprennent à bien communiquer devant leur enfant. La psychologue clinicienne Alexia Larsonneur donne quelques pistes à privilégier.
Selon Alexia Larsonneur, la première chose à retenir est que l'enfant va souvent se sentir responsable de la séparation de ses parents. « Quel que soit son âge, il faut bien lui faire comprendre que ce n'est pas de sa faute. » Il s'agit donc d'être très précautionneux dans la façon de se comporter l'un vis à vis de l'autre devant lui.
Ex-conjoints et parents
Après une rupture, certaines rancœurs et problèmes non résolus peuvent parfois rester en suspens. Il devient alors délicat et contrariant d'être confronté de manière fréquente à son ex-conjoint. «Le plus important est de mettre de côté les griefs en tant qu'ex-amants et comprendre qu'il y a une autre relation à développer, rappelle la psychologue. Il y a un minimum de courtoisie et de politesse à avoir. »
Le statut de parents séparés ne fait pas déroger au besoin de cohérence et de soutien dans l'éducation de l'enfant. Comme pour des parents encore ensemble, il peut y avoir des désaccords au sujet des règles à imposer à l'enfant et il s'agit de prendre du recul pour les résoudre ensemble. « Il y a une responsabilisation à avoir vis à vis de l'enfant malgré la séparation, explique Alexia Larsonneur. Son bien-être et son éducation passent avant l'amertume que l'on peut avoir envers son ex-partenaire. »
Selon la psychologue, il faut faire preuve de maturité et de sagesse dans la relation entre parents séparés. Cependant, ce n'est pas toujours facile de mettre l'ancienne histoire de couple de côté. C'est pour cela qu'il est parfois aussi essentiel de s'armer de patience et d'indulgence. « Il y a un réel travail à faire vis à vis de son ex-conjoint. Il faut laisser le temps à l'autre de digérer la séparation, » commente Alexia Larsonneur. De plus, des tensions trop fortes n'étant bénéfiques pour personne, il peut être dans l'intérêt du parent de se faire accompagner par un professionnel. «Rien que quelques séances peuvent aider à trouver une relation plus apaisée, » affirme la psychologue.
Une entente sans hypocrisie
L'idéal est de bien s'entendre mais il ne faut pas non plus être dans l'hypocrisie parce que l'enfant peut ressentir si l'échange n'est pas honnête. Plus il va grandir, plus il va être sensible aux mots, mais l'intonation et la gestuelle peuvent trahir aussi des tensions. « Les tout petits y sont très sensibles, » selon Alexia Larsonneur. Il s'agit donc de faire semblant dans une certaine mesure, sans toutefois être en contradiction avec soi-même. « Ça ne veut pas dire que son comportement est contrefait, ça signifie qu'il y a un effort à fournir pour mettre au premier plan la relation enfant-parents.»
Lorsque les disputes sont toujours au rendez-vous, il peut être préférable de ne pas se parler devant l'enfant et d'essayer de trouver le mode de communication le plus apaisant. « Les mails permettent de poser factuellement les choses, par exemple. C'est très bien pour tout ce qui touche à l'organisation du quotidien, explique la psychologue. Le principal est de correspondre de manière la moins conflictuelle possible. »
De façon générale, il faut être vigilent à mettre les mots sur la séparation pour que l'enfant comprenne la situation. « Que les parents s'entendent très bien ou pas du tout, il est important que leur enfant ne reste pas dans le trouble, signale Alexia Larsonneur. S'il ne saisit pas correctement la relation entre ses parents, il aura du mal à accueillir un beau-père ou une belle-mère, par exemple. »
Les essentiels à retenir
- L'enfant n'est ni un témoin ni un intermédiaire, et encore moins un messager. Les « Dis à papa qu'on a bien fait ça » ou « explique à maman que je dis la vérité » sont à proscrire absolument.
- Ne pas mettre en évidence les faiblesses de l'autre face à l'enfant. « Il va prendre personnellement toute remarque désagréable faite par un parent au sujet de l'autre, » précise la psychologue.
- Éviter d'aborder les sujets liés aux dépenses et/ou à l'organisation de l'éducation et des activités de l'enfant devant lui. Il n'a pas à être impliqué dans cette problématique. « Par exemple, si papa veut qu'il fasse quelque chose mais que maman ne veut pas, l'enfant peut rapidement avoir l'impression de devoir choisir un camp. Pourtant, il n'a pas à se sentir garant de la bonne entente entre tout le monde.»
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