Reconnaître et soigner correctement une angine
Publié le 16 janvier 2014 à 09:00
Il est indispensable de bien faire la différence entre une angine virale et une angine bactérienne qui nécessite des antibiotiques.
Qu’est-ce qu’une angine ?
L’angine est une inflammation d’origine infectieuse des amygdales situées au fond de la gorge. Elle se manifeste par des maux de gorge et de la fièvre. D’autres signes peuvent être associés : rhume, maux de ventre.
En France, environ 9 millions d’angines sont diagnostiquées chaque année.
Il existe deux grands types d’angines :
L’angine virale
Elle est la plus courante, puisque 75 % des angines sont d’origine virale. Elle ne nécessite pas de traitement par des antibiotiques qui sont inefficaces sur les virus.
Le traitement se limite à soulager les symptômes : fièvre (paracétamol, Doliprane®, Efferalgan®) et maux de gorge (pastilles à sucer, collutoire). On peut également associer de la vitamine C à ce traitement pour stimuler les défenses immunitaires.
L’angine bactérienne
Ce type d’angine représente 25 à 40 % des angines des enfants et 10 à 25 % des angines de l’adulte. De nombreux germes peuvent être incriminés dans ce type d’angine, mais le plus courant est un streptocoque du groupe A, le streptocoque ß-hémolytique.
En plus du traitement des symptômes comme pour l’angine virale, la prescription d’antibiotiques sera indispensable pour éviter les risques de complications.
Les enfants de moins de 3 ans n’ont généralement que des angines virales.
Pourquoi est-il si important de soigner une angine bactérienne ?
Depuis 2005, il a été constaté une résurgence inquiétante des complications d’angine. Cette résurgence est concomitante à la campagne « les antibiotiques, ce n’est pas automatique », mise en place en 2004.
D’après les spécialistes, en incitant les médecins et patients à réduire leur consommation d’antibiotiques, les autorités sanitaires, sans le vouloir, ont incité les patients à se soigner par l’automédication et notamment par les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens). Or, ces médicaments peuvent parfois entraîner une évolution rapide et néfaste de l’angine en phlegmons amygdaliens. Le phlegmon amygdalien est une accumulation de pus entre l’enveloppe de l’amygdale et la paroi pharyngée : cela crée un abcès très douloureux d’un côté de la gorge ; la douleur irradie vers l’oreille, empêche toute déglutition et entraîne une contracture de la mâchoire.
TDR, le test de diganostic rapide
La situation risque de s’aggraver davantage dans les mois à venir, car un arrêté datant de juin 2013 autorise les pharmaciens à pratiquer un test de diagnostic rapide (TDR), test qui n’était pratiqué jusqu’à présent, que par les médecins.
Le TDR consiste à faire un prélèvement au niveau des amygdales (grâce à un petit écouvillon), à placer l’écouvillon dans un tube contenant un réactif. Une bandelette est immergée dans ce réactif, et, en quelques minutes, la couleur de la bandelette indique si l’angine est due à un streptocoque du groupe A.
La réalisation de ce TDR par un pharmacien pourrait retarder la prise en charge d’une angine bactérienne qui ne serait pas due à un streptocoque du groupe A. En effet, le TDR détecte uniquement ce type de germe. Certaines angines dues à d’autres bactéries, nécessitent également une antibiothérapie bien spécifique. Ces angines non décelées par le TDR ne peuvent être détectées que par un examen médical réalisé par un médecin (examen qui n’a pas lieu à la pharmacie).
Quelques exemples d’angines bactériennes et leurs complications
Comme évoquée précédemment l’angine à streptocoques du groupe A est l’angine bactérienne la plus courante. Cette angine est décelable par le TDR et nécessite des antibiotiques pour éviter les complications.
Plusieurs complications peuvent apparaître si l’angine n’est pas bien soignée : le phlegmon amygdalien (abcès au niveau de la gorge) lors de l’utilisation d’AINS, mais aussi d’autres complications qui peuvent être très graves comme l’atteinte des valves cardiaques qui sera à l’origine d’une pathologie cardiaque, ou encore une hyper-réaction immunitaire au niveau des articulations (à l’origine de rhumatisme articulaire aigu) ou au niveau des reins (qui entraînera une glomérulonéphrite, voire une insuffisance rénale).
Les streptocoques peuvent également atteindre l’oreille moyenne et provoquer une otite, notamment chez les enfants dont les conduits auditifs ne sont pas encore entièrement développés.
Le streptocoque du groupe A peut être à l’origine d’une complication assez inoffensive : la scarlatine, avec des symptômes de départ similaires à une angine classique auxquels s’ajoutent, au bout d’un jour ou deux, une éruption cutanée (rougeur diffuse parsemée de points rouges plus intenses).
La Corynebacterium diphteriae à l’origine de la diphtérie est un autre type d’angine avec la présence d’une fausse membrane sur les amygdales. Cette bactérie sécrète une toxine responsable de paralysie avec une mortalité de l’ordre de 50 %. Heureusement, en France, la vaccination étant rendue obligatoire, cette maladie a quasiment disparu, ce qui n’est pas le cas partout dans le monde : une recrudescence de diphtérie avait été notée en Russie et en Roumanie en 1995.
L’angine de Vincent due à l’association de 2 bactéries (Fusobacterium necrophorum et Borrelia vincentii). Cette forme d’angine, relativement rare, se caractérise par une amygdale ulcérée, abîmée, avec des dépôts blanchâtres, associée à une haleine fétide. Une des causes principales de cette angine semble être une mauvaise hygiène bucco-dentaire (défaut de soins dentaires, alcool, tabac…).
Cette angine doit être détectée rapidement car les germes peuvent migrer à partir du sang pour aller former des abcès sur les veines jugulaires ou être à l’origine de diverses infections et abcès viscéraux gravissimes.
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