Le dopage technologique ou comment booster ses équipements sportifs
Publié le 10 décembre 2019 à 10:59
Le dopage est traditionnellement associé à des substances chimiques ou des procédés médicaux complexes, mais savez-vous que celui-ci peut également être technologique ? Dans un monde idéal, les performances des athlètes devraient être le travail de plusieurs années d'effort et de motivation
Le dopage est traditionnellement associé à des substances chimiques ou des procédés médicaux complexes, mais savez-vous que celui-ci peut également être technologique ? Dans un monde idéal, les performances des athlètes devraient être le travail de plusieurs années d'effort et de motivation. Or, nous savons que ce n'est pas toujours le cas. Et le dopage technologique vient jeter encore un pavé dans la mare sportive. Décryptage.
Qu'est-ce que le dopage technologique ?
De nombreux équipements sportifs font l'objet d'un dopage technologique La définition du dopage englobe toutes les substances et procédés qui permettent au corps de fonctionner en dehors de ses aptitudes naturelles. Le dopage technologique appartient donc à la catégorie des « procédés » qui améliorent grandement les performances. Selon les cas, cela peut prendre la forme d'un moteur intégré à un mécanisme, d'un vêtement sur-optimisé, d'un matériau de haute technologie, ou d'une prothèse médicale.
Les exemples de dopage mécanique les plus célèbres
Un pédalier optimisé
En 2010, le cycliste suisse Fabian Cancellara était au cœur d'une rumeur selon laquelle il aurait utilisé un vélo avec un moteur intégré lors du Tour des Flandres. Mais il s'est avéré que ce n'est pas ce procédé qu'il a utilisé pour améliorer ses performances. C'est son mécanicien, Denis Migani qui a levé le voile sur cette affaire pour expliquer que Fabian Cancellera a bénéficié d'une nouvelle invention baptisée « Gold-Race ». Le principe est simple : le pédalier repose sur un roulement à billes de graphite, huilées avec une substance spécifique destinée à diminuer les frictions. Par conséquent, une impulsion au niveau de la pédale permet à celle-ci de tourner pendant plus d'une minute, sans aucun effort. Le gain au kilomètre est considérable : plus de 2.5 secondes. Et rien d'illégal dans ce procédé puisqu'il est autorisé par l'Union Cycliste Internationale.
La JAKED : une combinaison de natation révolutionnaire
En 2009, le nageur Rafael Muñoz dont les performances se situaient jusque-là dans la moyenne, bat le célèbre Mickael Phelps. Son secret ? La JAKED. Une combinaison entièrement fabriquée dans du polyéruthane, une matière offrant une meilleure flottabilité et un meilleur gainage. La preuve ? 26 records de France sont explosés par des nageurs porteurs de cette nouvelle combinaison de natation. Certains d'entre eux ont même réalisés des performances 20 fois supérieures au record précédent.
Crédit vidéo : © Swimmooth
Face à cette hécatombe de records, la Fédération Internationale de Natation tente de faire interdire l'homologation de la JAKED. Mais un mois plus tard, elle revient sur sa décision et finalement, les nageurs sont autorisés à porter du polyuréthane pendant les compétitions.
Des chaussures intelligentes
Athletic Propulsion Labs, célèbre marque d'équipement de basketball, a créé des chaussures qui augmentent la détente verticale : les Concept 1. D'après ses concepteurs, cette paire de chaussure permet aux joueurs de sauter jusqu'à 8 centimètres de plus que d'habitude. Cependant, ils restent vague sur le procédé utilisé. Mais la NBA n'a pas attendu des explications plus précises pour faire interdire ces baskets sur ses terrains. Elle se justifie en invoquant les règles de la ligue qui interdisent tout équipement qui donne un avantage compétitif à un joueur. Contrairement aux exemples précédents, la NBA semble prendre au sérieux le dopage technologique.
Des prothèses bioniques
Dans la droite lignée des NBIC, ces technologies supposées nous faire vivre plus longtemps en meilleure santé, les prothèses d'Oscar Pistorius frôlent le dopage technologique. Même si son cas est atypique, il reste tout de même dans le domaine de l'amélioration des performances grâce à des procédés technologiques, puisqu'au lieu d'avoir des prothèses banales, il utilise des jambes bioniques étudiées spécialement pour la course à pied.
De sérieuses questions éthiques
Il y a fort à parier que l'avenir nous réserve davantage de surprise concernant le dopage technologique, surtout que la loi n'a toujours pas statué officiellement sur le sujet. Seules les fédérations, ligues ou unions officielles sportives peuvent prendre des décisions concernant les équipements sur-optimisés. Et nous voyons bien que tous les organismes ne sont pas en accord sur le sujet. Il faut dire que le dopage technologique pose de sérieuses questions éthiques : comment valoriser la performance sportive si elle devient accessible à tout le monde et n'est plus issue de la motivation et des efforts fournis par l'athlète ?
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