La phobie scolaire, un mal insidieux qu’il ne faut pas prendre à la légère
Publié le 06 septembre 2017 à 14:00
Votre enfant a mal au ventre tous les matins, il se plaint de migraines ou de nausées et refuse d’aller à l’école ? Avant de le traiter de paresseux, assurez-vous qu’il ne souffre pas de phobie scolaire, un trouble sérieux qui touche 1 à 5 % des élèves et qui peut avoir des conséquences dramatiques.
Qu’entend-t-on par phobie scolaire ?
Maux de ventre le lundi matin, stress avant un contrôle… tout le monde a connu ces symptômes à un moment dans sa scolarité.
On peut définir la phobie scolaire, encore appelée refus scolaire anxieux, comme une version aggravée de ces troubles.
Elle doit être considérée comme une pathologie grave, car elle conduit progressivement à une déscolarisation : l’enfant ne parvient plus à surmonter ses peurs et refuse de se rendre à l’école, au collège ou au lycée. Malgré les menaces, il refuse de sortir de la maison ou fait demi-tour sur le chemin de son école ou bien encore, quitte les cours pour se réfugier à l’infirmerie où les symptômes somatiques qui accompagnent cette phobie scolaire sont pris en charge.
En effet, la phobie scolaire entraîne souvent des symptômes somatiques associés : vertiges, nausées, vomissements, douleurs abdominales, tachycardie…
Ne pas confondre phobie scolaire et désintérêt pour l’école ou tendance antisociale
Il est très important de bien faire la différence entre une vraie phobie scolaire et un refus d’aller à l’école par simple désintérêt pour la scolarité ou parce que l’enfant a une tendance antisociale, rebelle, avec une attitude violente, cumulant fugues et bagarres.
L’enfant qui souffre de réelle phobie scolaire est souvent un bon élève avant que les troubles ne se révèlent. Il s’intéresse à ses études, s’investit à l’école… D’ailleurs, lorsque les premiers signes apparaissent, l’enfant ne cache pas ses absences à l’école, il fait croire qu’il est malade et, la plupart du temps, les parents, plus inquiets qu’en colère, le couvrent par des mots d’excuses.
Puis peu à peu, les absences se multiplient et l’enfant est incapable de retourner en classe malgré les menaces, la négociation ou la manière douce employée par ses parents. Il refuse de sortir de chez lui, coupe les ponts avec ses copains, ne pratique plus de sport et s’isole de plus en plus.
Ce comportement qui perturbe l’équilibre familial, montre une profonde souffrance psychique.
Quelles sont les causes de la phobie scolaire ?
Il existe 2 causes principales à la phobie scolaire : l’angoisse de la séparation et le trouble anxieux généralisé.
L’angoisse de la séparation
Elle survient le plus souvent chez les petits et peut être définie par une peur panique que l’un des parents (voire les deux) meurt pendant les heures de classe ou que l’enfant lui-même soit victime d’un accident en se rendant à l’école.
Généralement, cette angoisse découle d’une situation bien précise : un décès, un déménagement, le divorce des parents ou parfois même le départ d’un enseignant.
Le trouble anxieux généralisé
Il est plus fréquent chez les adolescents. Il se manifeste plutôt par une inquiétude démesurée face aux enjeux scolaires. Ce trouble s’accompagne parfois de stress aigu et de troubles de l’humeur (repli sur soi, colères…). Evidemment, ce problème est aggravé par la pression mise sur l’enfant par son entourage (ou parfois simplement par lui-même) à propos de ses résultats scolaires : le jeune préfère ne pas aller en cours plutôt que d’avoir une mauvaise note.
D’autres causes psychologiques ou liées aux évènements de la classe peuvent également engendrer une phobie scolaire. La peur d’aller en cours peut être motivée par un problème de harcèlement ou de racket. Le phénomène de « la tête de turc » est également en cause, notamment avec la multiplication des réseaux sociaux et des téléphones portables qui lui donnent souvent, à l’heure actuelle, une ampleur qui n’existait pas auparavant (moqueries ou menaces sur Facebook, par exemple).
Des troubles associés à la phobie scolaire
Même s’ils ne doivent pas être confondus avec la phobie scolaire, certains troubles peuvent l’accompagner :
- la dépression, avec une tristesse permanente, un ralentissement général, un désintérêt pour tout, des idées noires…
- des troubles obsessionnels compulsifs : des rituels répétés envahissent progressivement le quotidien de l’enfant : lavage de mains, organisation spécifique d’objet, fermeture des portes…
- une agoraphobie (peur des grands espaces ou de la foule)
- de l’hyperactivité
- la schizophrénie qui s’installe à l’adolescence : l’enfant présente des troubles de mémoire, de concentration, il devient bizarre avec des discours ou des comportements inadaptés, voire même des hallucinations.
Que faire en cas de phobie scolaire ?
La prise en charge de l’enfant doit être globale : parents, médecin mais aussi établissement scolaire afin d’éviter le recours à l’enseignement à distance. On essaie, dans la mesure du possible, de ne pas déscolariser l’enfant.
Un projet d’intégration individualisé doit être mis en place avec tous les acteurs et, en particulier avec l’enfant qui doit fixer son suivi thérapeutique et ses objectifs scolaires.
Si vraiment l’enfant ne peut pas se rendre à l’école, un soutien pédagogique peut être proposé à domicile.
Côté médical, généralement on n’a pas recours à des médicaments (sauf en cas de dépression ou de problèmes psychiatriques associés).
Cependant, une psychothérapie est indispensable ; elle peut être individuelle mais aussi familiale.
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