Les alicaments fleurissent dans les supermarchés : effets réels ou intox ?

Alicaments : qu’est-ce que c’est ?

Les alicaments, dont le nom découle de la contraction d’aliments et de médicaments, sont encore appelés aliments fonctionnels. Il n’existe pas de définition exacte pour le mot alicament, mais on pourrait le décrire comme un aliment (ou un ingrédient) transformé ayant un bénéfice sur la santé, en plus de sa valeur nutritive. Les alicaments ont la même apparence qu’un aliment conventionnel, ils sont consommés comme faisant partie d’une alimentation habituelle.

Une grande variété d’alicaments : on peut trouver un grand choix de ces produits dans les rayons des supermarchés, mais également sur Internet ; il s’agit, entre autres, des yaourts enrichis en bifidus actif, des produits laitiers enrichis en oméga-3 ou en calcium, des céréales enrichies en fibres ou en vitamines…

De nombreuses vertus prêtées à ces alicaments : favoriser le transit intestinal, prolonger la sensation de satiété, renforcer le système immunitaire, atténuer les bouffées de chaleur, lutter contre le cholestérol, atténuer les problèmes d’ostéoporose, chasser les idées noires, embellir la peau, effacer les rides, favoriser la libido…

On trouve même au Japon et aux Etats-Unis des boissons empêchant le cancer ou des chewing-gums contre le rhume !

Attention, il faut noter une petite différence entre alicaments et compléments alimentaires.

Les compléments alimentaires ont des fonctions similaires aux alicaments : ils contiennent des vitamines, des minéraux, oligo-éléments, protéines, acides aminés, des produits pour préparer la peau au soleil ou pour aider à perdre quelques kilos… par contre, on les trouve toujours sous forme de comprimés, gélules, petites fioles, sachets, ampoules… et non pas mélangés à l’alimentation, comme le sont les alicaments.

Les alicaments : réelles vertus pour la santé ou intox ?

Le marché des alicaments est en pleine expansion car le consommateur relie de plus en plus apport nutritionnel et santé. L’augmentation des frais de santé tend également à renforcer cet attrait pour les aliments aux vertus thérapeutiques.

Les grandes marques de produits alimentaires n’hésitent pas à promouvoir les bienfaits de leurs produits, mais est-ce toujours justifié, ces alicaments ont-ils vraiment de réelles vertus pour notre santé ?

Actuellement, les mentions annotées sur les produits alimentaires concernant leurs éventuels bénéfices sur la santé sont contrôlées par l’AESA (Autorité européenne de sécurité des aliments) à posteriori, une fois le produit lancé sur le marché.

Le nouveau cadre européen devrait, d’ici à deux ans, inverser ce processus : avant la commercialisation d’un nouvel alicament, la marque devra s’assurer que les qualités de son produit sont scientifiquement reconnues avant de noter des allégations de santé sur le produit. Ainsi, yaourts favorisant le transit intestinal, ou  margarines contre le cholestérol devront présenter un solide dossier scientifique avant leur commercialisation, mais aussi communiquer de façon plus claire avec le consommateur : l’AESA va définir une liste de messages autorisés sur ces produits.

Gare au surdosage en vitamines ou en oméga-3

Une étude a démontré que 10 à 20 % de certains groupes de consommateurs sont en surdosage de certains nutriments dû à une surconsommation.

Avant même d’enrichir une alimentation, il faudrait évaluer les carences individuelles. D’autant qu’un surdosage de certains nutriments n’est pas neutre pour la santé.

Quels sont les risques d’un surdosage ?

L’accumulation de certaines vitamines dans l’organisme peut entraîner des effets secondaires néfastes pour la santé :

Le surdosage en vitamines A et D en particulier peut être à l’origine d’hypervitaminose :

Une surconsommation en vitamine D peut occasionner des nausées, une perte d’appétit et de poids, des anomalies sanguines, des convulsions, de la faiblesse et des troubles rénaux.

Un surdosage en vitamine A peut entraîner des douleurs articulaires et au niveau des os, de la faiblesse, des troubles de la vision, la perte des cheveux, des ongles cassants, une sècheresse cutanée.

Une surconsommation des vitamines hydrosolubles comme la vitamine C et les vitamines du groupe B sont, quant à elles, sans danger, car l’excédent est éliminé dans les urines.

Les oméga-3 peuvent également être à l’origine d’effets secondaires néfastes : ils ont un effet similaire à celui de l’aspirine sur le sang, c’est-à-dire qu’il le fluidifie. Cet effet n’est cependant actif que pour des doses très importantes d’oméga-3. Toutefois, les patients traités par anticoagulants ne doivent pas se supplémenter en oméga -3 sans avis médical.

En conclusion, les alicaments seraient surtout bénéfiques pour une catégorie de population : les personnes avec des besoins nutritionnels spécifiques, comme les végétaliens ou les végétariens, les personnes âgées, les sportifs ou éventuellement les femmes enceintes mais sur avis médical.

Concernant la population générale, une alimentation saine et diversifiée doit suffire à éviter les carences.