Les dangers de la pollution sur l'organisme
Publié le 28 avril 2014 à 11:55
Le 17 mars dernier, le gouvernement prenait une mesure exceptionnelle pour lutter contre la pollution de l'air en région parisienne. Les Franciliens étaient invités (sous peine d'une contravention de 22 euros) à laisser leur voiture ou leur deux-roues au garage si leur numéro d'immatriculation était pair.
La circulation alternée n'avait pas été mise en place en France depuis 1997. À situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle.
La circulation alternée n'avait pas été mise en place depuis 1997
Cette décision a été prise après un pic de pollution atmosphérique en plein mois de mars. Généralement, ce genre de problème survient en été. Le seuil critique de concentration de particules, fixé à 50 microgrammes par mètre cube, a été dépassé. À ce niveau de dégradation de la qualité de l'air, les personnes sensibles sont invitées à réduire leurs activités physiques. Les enfants asthmatiques, les personnes âgées, les patients souffrants de maladies cardio-vasculaires ou de pathologies respiratoires, les femmes enceintes sont concernés.
Lors d'un pic de pollution, l'inhalation de polluants entraîne généralement les symptômes suivants : gorge douloureuse, toux, essoufflement, maux de tête, etc. Mais les effets négatifs de la pollution de l'air sur la santé sont reconnus, même en l'absence de mesures d'urgence. Selon les écologistes, le problème de la qualité de l'air ne se résoudra pas seulement en mettant en place un dispositif d'alerte, mais en nous interrogeant sur notre mode de vie.
Pollution de l'air = cancer
Le jour de la mise en place de la circulation alternée, la Préfecture de Paris annonçait avoir distribué près de 3 000 contraventions pour non-respect de l'arrêté à 10 h du matin. Beaucoup d'automobilistes ont donc pris le risque de l'amende. Ce chiffre montre à quel point, malgré une mesure de bon sens, l'habitude de prendre son véhicule personnel reste ancrée.
Ce problème n'est pas uniquement français, il est mondial. Alors que l'Ile-de-France était touchée par ce pic, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publiait une étude sur l'impact de la pollution de l'air sur la planète. Selon elle, près de 7 millions de décès lui sont attribuables en 2012. Les zones les plus touchées sont l'Asie et le Pacifique avec 5,9 millions de morts.
Les zones les plus touchées sont l'Asie et le Pacifique
La nocivité de la pollution atmosphérique était déjà reconnue avant. Le 17 octobre dernier, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) déclarait que l'exposition à l'air pollué favorisait le cancer du poumon, mais aussi celui de la vessie. Il existe des risques liés à une exposition ponctuelle à de fortes concentrations de polluants, comme lors d'un pic, mais également à long terme. La France est le seul pays au monde à figurer dans les régions les plus atteintes à la fois par le cancer du sein et le cancer de la prostate. Pourtant, le fait que cela soit dû à un problème environnemental n'est pas encore établi.
Les particules fines et les émissions de moteurs diesel ont été classées parmi les cancérogènes certains, mais les voitures ne sont pas la seule source de la pollution de l'air. L'arrêté du 26 mars 2014 qui précise les mesures que peuvent prendre les préfets en cas de dépassement du seuil d'alerte de pollution atmosphérique, suite au pic de pollution de mars, prévoit des recommandations pour le transport, mais aussi pour le secteur agricole, le secteur résidentiel et le secteur industriel.
Des polluants à l'air libre, mais aussi chez nous
Si la concentration de 50 microgrammes par mètre cube de particules fines est dépassée durant deux jours consécutifs, il peut être demandé aux agriculteurs de décaler dans le temps les épandages de fertilisants, aux particuliers d'arrêter les appareils de chauffage à foyer ouvert comme les poêles et aux industriels de réduire les rejets atmosphériques.
Les gaz polluants particulièrement visés par ces réductions sont nombreux. Il y a d'abord les oxydes d'azote. Le monoxyde d'azote (NO) et le dioxyde d'azote (NO2) sont essentiellement produits par l'homme. L'un comme l'autre est dû à la combustion fossile (pétrole, charbon, gaz, etc.) et à la combustion de la biomasse (les matières organiques comme le bois pouvant être utilisé comme source d'énergie) dans les maisons et dans les voitures.
Les particules produites par les voitures diésel sont toxiques
Les moteurs diesels en produisent deux à trois fois plus que les moteurs essence. À noter qu'un avion qui décolle produit en moyenne 1 kg d'oxydes d'azote, l'équivalent de 2 000 voitures diesel parcourant 25 km. Les oxydes d'azote provoquent des troubles respiratoires, des inflammations des voies aériennes et une augmentation de la sensibilité aux attaques microbiennes.
Autre polluant atmosphérique visé : l'ozone. Bénéfique dans la haute atmosphère, où il nous protège des rayons ultraviolets, il est nocif dans les basses couches, puisqu'il peut provoquer des difficultés respiratoires. C'est un polluant dit secondaire. Il n'est pas émis directement dans l'air, mais résulte d'une réaction photochimique avec les polluants émis par les voitures. L'ozone se développe particulièrement quand le temps est ensoleillé et que les températures sont élevées. Il est une des causes du « smog », la brume brunâtre épaisse qui apparaît dans les grandes villes comme New York, Pékin, Mexico, etc.
Le « smog » est également composé de particules fines, un autre polluant à surveiller. Ce sont de minuscules solides qui peuvent rester en suspension dans l'air des jours, voire des mois et se diffuser avec le vent. Riche en carbone, ces corps sont souvent des résidus de combustions incomplètes, mais aussi des poussières, des particules d'origines biologiques, comme le pollen. Leur poids et leur taille (entre un et cent micromètres) les rendent particulièrement volatiles. Ils pénètrent d'autant plus profondément dans les poumons et peuvent créer des allergies.
S'enfermer chez soi paraît à première vue une bonne solution en cas d'alerte à la pollution, mais l'air domestique est également souvent de mauvaise qualité ! Les polluants dans nos maisons sont nombreux : les peintures, les colles, les solvants, les insecticides, les parfums d'intérieur, les produits de nettoyage, etc., rendent l'air domestique parfois dangereux. Une étude de l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur publiée en 2006 a révélé que dans les logements des 74 villes étudiées, 10 % d'entre eux étaient pollués par des composants chimiques à de très fortes concentrations. Ouvrir la fenêtre reste encore une solution pour assainir l'air !
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