Les prébiotiques en prévention des allergies alimentaires
Publié le 06 novembre 2015 à 17:02
Des chercheurs de l’Inserm ont fait une découverte formidable qui pourrait bien changer la donne en matière d’allergie : les prébiotiques joueraient un rôle fondamental.
Trop d’hygiène diminue notre immunité
Nos modes de vie actuels tendant à nous protéger au maximum des microbes (hygiène importante, alimentation pasteurisée, enfants très protégés…).
Du coup, l’ensemble des bactéries qui colonisent naturellement notre peau et nos intestins a également beaucoup évolué depuis quelques décennies. Et cette évolution s’est accompagnée d’une augmentation des cas d’allergie. A l’heure actuelle, 8% des enfants et 2% des adultes présentent des allergies alimentaires.
Cette évolution s’explique notamment par la diminution de la capacité de notre système immunitaire à supporter des aliments considérés comme inoffensifs auparavant.
Pour redynamiser notre immunité, les scientifiques pensaient que l’apport de probiotiques pouvait être utile, mais cela fonctionne-t-il vraiment ?
Les probiotiques dans la lutte contre les allergies
Notre flore intestinale joue un rôle primordial sur notre immunité : sa composition influe sur la qualité du système immunitaire, sur son efficacité, et donc sur le contrôle des allergies.
Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, l'utilisation de probiotiques pour améliorer la flore intestinale n’a pas permis de lutter contre la progression des allergies.
Les chercheurs se sont donc tournés vers une autre possibilité : l'utilisation de prébiotiques (qui servent de nourriture pour les bactéries intestinales) pour favoriser la croissance des bactéries déjà en place, et ce, dès les premiers mois de la vie, afin de prévenir les risques d’allergie survenant, généralement, dans la petite enfance.
Les bactéries aiment le sucre
Pour vérifier les bienfaits éventuels des prébiotiques dans la lutte contre les allergies, les scientifiques ont administré un complément en sucres (galacto-oligosaccharides et inuline servant d’aliments aux bactéries intestinales) à des souris enceintes, puis pendant la phase d’allaitement.
Les souriceaux ont ensuite été exposés à des protéines de blé (potentiellement allergisantes) trois semaines après leur sevrage.
Les résultats ont été spectaculaires : les souriceaux dont les mères avaient pris des prébiotiques étaient beaucoup moins sensibles aux allergènes. Chez les animaux allergiques, les symptômes étaient minimes, associés à des taux bas d’histamine et d’IgE (les immunoglobulines typiques de l’allergie).
De plus, les chercheurs ont remarqué un rétablissement de la fonction immunitaire en faveur de l’expression de lymphocytes T, régulateurs impliqués dans la tolérance aux substances qui proviennent de l’extérieur.
L’ajout de prébiotiques a donc considérablement atténué la sévérité des allergies.
Un essai chez l’homme en 2016
Une expérience devrait démarrer en 2016 pour savoir si ces résultats se confirment chez l’être humain.
500 à 1 000 femmes présentant un risque de transmission d’allergie à leur enfant en raison d’antécédents personnels ou familiaux, recevront des prébiotiques pendant toute leur grossesse puis pendant l’allaitement (ou dans le lait de substitution).
Les scientifiques évalueront ensuite l’incidence et la sévérité des dermatites atopiques (symptômes caractéristiques des allergiques) chez ces enfants.
Les résultats devraient être connus en 2018.
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