La maladie de Crohn
Publié le 07 octobre 2014 à 12:00
Qu’est-ce que la maladie de Crohn ? Quels sont les facteurs de risque ? Quels en sont les symptômes ? Comment la diagnostique-t-on ? Existe-t-il des traitements efficaces et des moyens de prévention ?
Qu'est ce que la maladie de Crohn ?
La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique du tube digestif qui n’est pas mortelle mais qui peut être très invalidante.
Elle fait alterner des périodes de poussées et de phases de rémission qui peuvent durer plusieurs mois. 10 à 20 % des personnes présentent une rémission durable après la première poussée de la maladie. Les poussées, d’intensité variable, se succèdent de façon imprévisible.
Elle se caractérise par des ulcérations d’aspect aphteux qui peuvent toucher toutes les parties du tube digestif, de la bouche à l’anus. Toutefois, le plus souvent, elle s’installe à la jonction de l’intestin grêle et du côlon (gros intestin).
Les symptômes de la maladie de Crohn
La maladie de Crohn se manifeste par des maux de ventre survenant plutôt après les repas associés à des diarrhées chroniques parfois sanglantes qui durent plus de 2 semaines. Dans certains cas, ces symptômes s’accompagnent d’autres signes :
- Fatigue, amaigrissement et même dénutrition peuvent survenir si aucun traitement n’est entrepris.
- Des abcès ou des fistules peuvent apparaître dans la région de l’anus et du périnée quand les lésions sont localisées au niveau du côlon ou du rectum. Il peut également y avoir des aphtes au niveau de la bouche. Ces symptômes s’accompagnent parfois de fièvre.
- Des symptômes non digestifs peuvent toucher les yeux (irritation), les articulations (rhumatismes) ou la peau (érythème noueux c’est-à-dire des grosseurs inflammées très rouges situées sous la peau).
Causes et facteurs de risque
La maladie de Crohn touche plus volontiers les femmes que les hommes et survient, le plus souvent, entre 20 et 40 ans.
Cette maladie est plus fréquente dans les pays du Nord. En France, 3 personnes sur 100 000 sont touchées, avec des disparités importantes entre les régions : le Nord-Ouest est beaucoup plus concerné que le reste de l’hexagone.
Il existe une prédisposition génétique liée à la maladie de Crohn : la présence du gène NOD2/CARD15 sur le chromosome 16 est un facteur de risque de développer cette maladie. Toutefois, ce gène n’est pas suffisant pour déclencher la maladie, d’autres facteurs entrent en jeu.
Les scientifiques pensent que l’inflammation du tube digestif dans la maladie de Crohn pourrait être liée à une réaction immunitaire excessive de l’organisme contre certaines bactéries et virus présents dans l’intestin. Ainsi, pour expliquer l’augmentation des cas de maladie de Crohn, une hypothèse a même mis en cause l’utilisation des réfrigérateurs qui permettraient à certaines bactéries de se développer entre -1° et 10° C (la Listeria) et d’être à l’origine de la réaction immunitaire en cause dans la maladie. Les chercheurs évoquent également le rôle éventuel d’une infection par d’autres bactéries (Salmonella, Campylobacter) dans le déclenchement de cette maladie.
Le déséquilibre de la flore intestinale pourrait donc être mis en cause.
Certains facteurs environnementaux sont également cités comme facteurs de risque potentiels mais rien n’est réellement prouvé : l’exposition à certains antibiotiques (tétracyclines), la sédentarité, le stress, une alimentation trop riche en produits gras, sucrés et en viande.
Le tabagisme, par contre, a été clairement pointé du doigt : il a été démontré qu’il existait un lien entre le nombre de cigarettes fumées et le nombre et l’intensité des poussées.
Maladie de Crohn : le diagnostic
Le diagnostic est parfois difficile à poser pour la maladie de Crohn car elle se confond souvent avec une autre pathologie du tube digestif, la rectocolite hémorragique.
Le diagnostic repose sur 3 examens : la prise de sang, la coloscopie et la radiographie.
- la prise de sang permet de vérifier la présence d’une inflammation (en mesurant la vitesse de sédimentation et la protéine C réactive).
- La coloscopie permet d’observer la muqueuse intestinale pour y observer les éventuelles lésions.
- La radiographie de l’intestin se pratique après ingestion d’un liquide qui ne laisse pas passer les rayons X. Elle permet de déceler des nodules, des rétrécissements et des ulcérations typiques de la maladie.
Maladie de Crohn : les traitements
Il n’existe pas de traitement capable de guérir la maladie de Crohn. Cependant, certains médicaments permettent de soulager les symptômes lors des poussées et d’autres, pris en continu, permettent de maintenir les phases de rémission.
Les anti-inflammatoires : pour soulager les symptômes durant les crises
- les dérivés salicylés (comme le Pentasa®) qui sont administrés par voie orale ou rectale : ils permettent non seulement de calmer les poussées, mais également de maintenir la rémission.
- les corticoïdes, prescrits lorsque les dérivés salicylés ne suffisent pas à soulager les symptômes (Cortancyl®).
Les immunomodulateurs : pour maintenir la rémission
Ces médicaments (comme l’Imurel®) réduisent la réponse immunitaire de l’organisme. Dans 50 à 70 % des cas, ils permettent une rémission partielle ou totale de la maladie lorsqu’ils sont pris pendant plusieurs années.
Les anticorps monoclonaux anti TNF-alpha : pour réduire l’inflammation
Ces produits (comme l’Humira®) sont des médicaments qui calment les réactions inflammatoires. Ces médicaments sont proposés en deuxième intention, pour des patients chez qui les autres médicaments sont inefficaces ou causent trop d’effets secondaires.
La chirurgie est envisagée dans certains cas (fistules, sténose…) ou lorsque les médicaments ne font plus d’effets. Cependant, elle n’empêche pas les récidives et peut être invalidante puisqu’on retire la partie de l’intestin touchée.
Prévention de la Maladie de Crohn
L’hygiène de vie est très importante pour ce type de maladie.
Le malade doit, tout d’abord, impérativement arrêter de fumer.
Côté alimentaire, il n’existe pas de règles clairement établies pour la maladie de Crohn. Toutefois, lors des poussées, il convient de réduire l’apport en fibres pour éviter d’accentuer les problèmes de diarrhée.
Lorsqu’il y une sténose (un rétrécissement de l’intestin), le patient doit éviter les aliments qui pourraient faire bouchon, comme le poireau.
Il semble que certains aliments aggravent les symptômes, mais ces aliments sont variables d’une personne à une autre. Il est conseillé au malade de noter dans un carnet la composition de chacun de ses repas et d’essayer de faire un lien avec tel ou tel aliment lors de la survenue d’une poussée.
Il est très important de veiller à ce que les apports nutritionnels soient suffisants en protéines et en calories car la conséquence la plus grave de cette maladie est la dénutrition.
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