La rhinite allergique
Publié le 05 juin 2012 à 09:00
Votre nez coule sans cesse ou est, au contraire, constamment bouché, des crises d'éternuements ponctuent votre journée, vos yeux vous piquent, larmoient, sont rouges... Ce n'est pas forcément un « simple rhume » mais peut-être une « rhinite allergique », classiquement appelée « rhume des foins ».
Qu’est ce que la rhinite allergique ?
La rhinite allergique est l’expression de symptômes engendrés par le développement d'une inflammation de la muqueuse nasale. Cette inflammation est due à une réaction immunologique excessive en présence d’une substance étrangère : l'allergène. Les allergènes les plus courants sont présents dans l’environnement domestique (acariens, poils et phanères d’animaux, moisissures), dans l’atmosphère (pollens : le plus souvent d’arbres ou de graminées) ou dans l’environnement professionnel (farine en boulangerie, persulfate en coiffure…).
- Les allergènes présents dans l’atmosphère entraînent plutôt une rhinite allergique dite «saisonnière» ; les crises augmentent à mesure que les pollens circulent et que leur concentration dans l’atmosphère augmente. Cette rhinite est souvent associée à une conjonctivite.
- Les allergènes domestiques, quant à eux, entraînent une rhinite allergique dite «perannuelle» qui dure toute l’année. Cette rhinite est souvent associée à l’asthme ; elle augmente aussi la fréquence de survenue d’infections telles que sinusites, otites, ou encore apnée du sommeil.
La rhinite allergique peut se manifester à tout âge, mais on note une incidence plus importante à l’adolescence. Dans 90 % des cas, le malade est âgé de moins de 40 ans.
Les personnes de sexe masculin sont plus concernées. Les facteurs génétiques rentrent en compte également : si un membre de votre famille souffre d’allergie, le risque que vous développiez un jour une rhinite allergique est augmenté.
La rhinite allergique représente aujourd’hui un problème de santé publique car elle touche 10 à 20 % de la population. Lorsque les symptômes sont modérés à sévères, l'allergie peut altérer profondément la qualité de vie des malades (perturbation du sommeil, baisse de l’audition, irritabilité, absentéisme scolaire ou professionnel…).
Mécanisme de la réaction allergique
La rhinite allergique est caractérisée par une réaction excessive de la muqueuse nasale face à l'inhalation d'un allergène. Ceci entraîne une réaction inflammatoire IgE-dépendante qui engendre les symptômes cliniques de la réaction allergique (les IgE étant les immunoglobulines de l'allergie). Le mécanisme de cette réaction allergique s'effectue en 2 temps :
- La sensibilisation : cette phase apparaît lorsqu'un individu se trouve pour la première fois en contact avec un allergène : on parle alors de phase de sensibilisation. Cet allergène est considéré par le système immunitaire comme une substance étrangère dangereuse. Les lymphocytes (globules blancs) vont alors sécréter des anticorps (les IgE) spécifiques de l’allergène en question (les lymphocytes sont des cellules très importantes pour notre système immunitaire puisqu'elles ont pour but de créer des anticorps pour lutter contre un corps étranger qui a pénétré dans notre organisme : dans le cas présent, l'allergène)
- La réaction allergique dans la rhinite : lorsque l’allergène se trouve de nouveau en contact avec l’organisme, il est reconnu par les IgE présentes dans la muqueuse nasale. Ces IgE déclenchent une série de réactions pour défendre l'organisme ; ce sont ces réactions qui entraînent les manifestations cliniques de l'allergie (nez bouché ou qui coule, éternuements, démangeaisons oculaires, larmoiements...).
Identification de l’allergène
L'identification des substances responsables de l'allergie est importante et se fait toujours sous contrôle médical. Le bilan allergologique comporte généralement 2 types de recherches :
- un bilan sanguin où est mesuré le taux d'IgE (un taux supérieur à 0,10 kU/l correspond à un dosage positif)
- des tests cutanés appelés les « prick-tests ». Ces tests sont effectués sur l'avant-bras ou parfois sur le dos. Ils consistent à déposer sur la peau des gouttes de différents allergènes que l'on fait pénétrer dans l'épiderme avec une aiguille très fine. Au bout de 20 minutes, la réaction est considérée comme positive si apparaissent une papule (surélévation de la peau) d'au moins 3 mm et/ou un érythème (rougeur) d'au moins 1 cm.
Le traitement de la rhinite allergique : la lutte contre les allergènes
Il repose sur trois axes principaux de prise en charge : l’éviction des allergènes quand elle est possible, la prise de médicaments à action immédiate, et la désensibilisation (immunothérapie spécifique). Quel que soit l’allergène en cause, l’éviction du tabac et de sa fumée irritante est toujours de mise.
Allergie aux pollens
Il est bon de connaître les périodes de floraison des plantes dans sa région pour se protéger dans la mesure du possible des pollens ; le site du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique : www.pollens.fr) donne des bulletins réguliers de la présence dans l'air des différents allergènes en fonction des régions.
Les pollens d'arbres (cyprès, bouleau...) sont assez précoces : de février à avril ; les pollens de graminées (foin) sont présents généralement de mai à juillet, tandis que les pollens des herbacées (fleurs, herbes des fossés...) sont plus tardifs et n'apparaissent qu'entre août à octobre.
Durant les périodes de pollinisation quelques mesures sont recommandées :
- éviter les promenades dans les forêts et les campagnes
- ne pas dormir la fenêtre ouverte
- ne pas laisser le linge sécher dehors en période de pic de pollinisation
- porter des lunettes de soleil
- éviter l’entrée d’air dans la voiture lors de déplacement
- ne pas tondre la pelouse soi-même...
Allergie aux acariens
Les acariens sont la principale cause d’allergies respiratoires chez l’enfant et l’adulte. Ils apprécient particulièrement la chaleur et l’humidité, et prolifèrent à l’intérieur des maisons dans la poussière, les literies, les rideaux, les moquettes ou tapis, les draps ou les jouets en peluches.
Pour éviter au maximum les manifestations allergiques, il faut passer l’aspirateur, aérer chaque jour les chambres, supprimer moquettes et tapis, utiliser des sprays acaricides pour traiter les surfaces qui ne peuvent être nettoyées facilement, laver régulièrement les peluches, laver le linge de lit au moins deux fois par mois à 60 °C.
Allergie aux animaux domestiques
Les chats sont responsables des deux tiers des réactions dues aux animaux de compagnie. Cependant les allergies aux chiens, aux rongeurs (cobayes, hamsters, souris, rats, lapins), aux nouveaux animaux de compagnie (gerbilles, chinchillas…), aux oiseaux ou aux chevaux existent aussi.
La meilleure solution en cas d’allergie à un animal consiste à s’en séparer. Si cette solution est impossible, il faut veiller à interdire l’accès des chambres à l’animal, le laver tous les quinze jours et le brosser chaque jour à l’extérieur du domicile.
Allergie aux moisissures
Les moisissures sont surtout présentes dans les locaux humides et peu ventilés (salle de bains, cuisine, cave). Une aération régulière des pièces permet de freiner leur développement. Il faut éviter les aquariums ou les bacs pour plantes à réserve d’eau.
La rhinite allergique : les traitements médicamenteux
Votre pharmacien peut vous conseiller différents produits que vous pouvez vous procurer sans ordonnance afin de soulager votre rhinite allergique. Il est de préférence toujours mieux d'avoir un avis médical.
- Les antihistaminiques oraux (de 2ème génération) sont le traitement de première intention en cas de rhinite allergique. Ils agissent en bloquant l'action de l'histamine, responsable des symptômes de l'allergie. Ils sont surtout efficaces sur la rhinorrhée (nez qui coule), les éternuements et les troubles de l'odorat, mais moins sur l'obstruction nasale.
Leur durée d'action suffisamment longue permet de ne prendre qu'un comprimé par jour et l'effet de somnolence qui existait chez les anciens antihistaminiques (1ère génération) sont quasiment absents.
Ces médicaments ne sont pas recommandés durant la grossesse ou l'allaitement en raison d'absence de données. Ils sont à administrer avec prudence chez les patients épileptiques ou à risque de convulsions (demandez conseil à votre médecin ou votre pharmacien).
La molécule la plus courante est la cétirizine.
- Les vasoconstricteurs peuvent être associés à un antihistaminique si l'on veut soulager une congestion nasale. Quelques précautions doivent être prises avec ces produits notamment éviter la prise tardive de ce médicament (risque d'insomnie) ou la surveillance de votre tension si vous êtes hypertendus.
En cas de pathologie à type de problèmes cardiaques, troubles de la thyroïde, diabète, problème de prostate ou de glaucome à angle fermé... toujours demander conseil à votre médecin ou votre pharmacien. L'association avec d'autres médicaments est également à prendre en compte.
La molécule la plus utilisée est la pseudoéphédrine, uniquement en traitement court (5 jours maximum).
- Les lavages et solutions nasales qui permettent de soulager localement les symptômes qui ne céderaient pas avec l'antihistaminique oral. En premier lieu on utilise du sérum physiologique ou de l'eau de mer pour laver le nez, suivi d'une instillation d'une solution antihistaminique : on utilise notamment des pulvérisations nasales à base de phényltoxolamine (contre-indiquée en cas de glaucome ou d'adénome de la prostate).
- Les collyres anti-allergiques sont indiqués lorsqu'une conjonctivite est associée à la rhinite. Idéalement, l'instillation de ces collyres se fera après un lavage oculaire afin d'éliminer les allergènes présents (lavage à base de borate de sodium par exemple).
Il existe 2 catégories de collyres antiallergiques :
- Les anti H1 à utiliser pour soulager rapidement les symptômes de la conjonctivite. Il s'agit notamment de la levocabastine à mettre 2 fois par jour.
- La deuxième catégorie correspond aux anti-dégranulants mastocytaires tel le cromoglycate de sodium qui s'utilisent plutôt en tant que préventif pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois.
- Le traitement homéopathique : l'homéopathie peut être utilisée pendant l'exposition aux allergènes mais également en préventif.
La souche la plus courante est allium cepa 9 ch à raison de 5 granules toutes les heures dès l'apparition des premiers signes de rhinite allergique, il faut diminuer peu à peu la dose au fur et à mesure de l'amélioration des symptômes. Le sabadilla 5 ch est utilisé en cas d'écoulement nasal aqueux, d'éternuements en série, de larmoiements et de démangeaisons sur le voile du palais (5 granules 3 fois par jour).
L'euphrasia 9ch est lié plus spécifiquement aux symptômes oculaires, en cas de conjonctivite allergique.
Pour les rhinites allergiques saisonnières, il est possible de prendre 5 granules 2 fois par jour d'histaminum ou de poumon histamine 9ch dès le début de la saison des allergies. On peut également prendre 5 granules par jour de pollens 30 ch tout au long de la saison allergique.
- Les oligoéléments à base de manganèse sont parfois utilisés comme modificateur de terrain dans le cadre du traitement des allergies, à raison de 1 ou 2 ampoules par jour. Ils sont souvent associés au soufre dans les cas d'allergies récidivantes.
- Pommade pour le nez : pour soulager un nez irrité par le mouchoir, il est possible d'utiliser une pommade comme la vaseline ou l'Homéoplasmine. Cette pommade, placée à l'entrée des narines, peut également retenir en partie les pollens, évitant ainsi une exposition trop importante à l'allergène.
Dans tous les cas, il est toujours conseillé d'avoir l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien.
Attention : si la rhinite est accompagnée de sinusites ou d'otites il est indispensable de consulter votre médecin traitant.
La désensibilisation
La désensibilisation ou immunothérapie allergénique s'adresse surtout à des patients qui souffrent de formes modérées à sévères et qui ne sont pas soulagés par les traitements précédents.
Cette immunothérapie vise à développer une résistance (ou immunité) face aux allergènes responsables de la rhinite. Ainsi l'organisme va peu à peu tolérer la substance responsable de l'allergie et le corps ne réagira plus de façon excessive lorsqu'il sera exposé à l'allergène concerné. Ce traitement se passe en 2 phases :
- Au départ, on introduit dans l'organisme des doses infinitésimales d'allergènes, puis on augmente petit à petit ces doses d'allergènes pendant 13 à 14 semaines jusqu'à une dose maximum tolérée par l'organisme.
- On donne ensuite, en entretien, ces doses maximum tolérées pendant plusieurs années (3 à 5 ans).
On administre ces produits de 2 façons possibles :
- Par voie sous-cutanée (voie privilégiée) : les injections sont obligatoirement faites sous contrôle médical une fois par semaine, au début, puis une fois par mois.
- Par voie sublinguale (gouttes ou comprimés sous la langue) : prise orale quotidienne, chez soi, le matin à jeun.
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