De plus en plus de ruptures de médicaments dans les pharmacies, pourquoi ?
Publié le 26 mai 2014 à 14:12
En France, on se trouve régulièrement face à des ruptures de stock de médicaments dans les pharmacies. Quelles sont les raisons d’un tel phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur ?
Des ruptures de médicaments de plus en plus fréquentes
Il y a encore 5 ans, les ruptures de stock de médicaments étaient relativement rares: ainsi en 2008, on avait recensé 44 ruptures.
Pourtant, les problèmes de rupture de stock ne cessent d’augmenter puisque, selon l’ANSM (Agence du médicament), entre septembre 2012 et octobre 2013, on a atteint le chiffre incroyable de 324 ruptures de médicaments, soit une augmentation de 636% en 5 ans !
Parmi ces ruptures, 28% concernent des médicaments indispensables, et 72% des médicaments dont on peut se passer sans mettre en jeu le pronostic vital.
En tête des produits épuisés se trouvent les traitements hormonaux (33% des ruptures), les anti-infectieux (16%) et les anti-cancéreux (16%).
Pour mieux appréhender l’ampleur du phénomène, une enquête a été menée par le Leem (Les entreprises du médicament) auprès de 90 laboratoires pharmaceutiques entre septembre 2012 et octobre 2013 : il en ressort que les ruptures peuvent durer de 0 à 398 jours (13 mois) avec une moyenne de 94 jours.
Pourquoi de telles ruptures ?
Qu’appelle-t-on rupture de médicament ?
On parle de rupture de médicament quand ce médicament n’est pas disponible en pharmacie, soit parce qu’il n’est pas disponible chez le fabricant, soit parce qu’il existe une rupture dans la chaîne d’approvisionnement.
A quoi une rupture est-elle due?
Actuellement, comme le précise le Leem, « La multiplication et l'éloignement des différents sites industriels d'extraction de la substance active, de fabrication ou de façonnage, de conditionnement rendent les contrôles de chaque maillon industriel plus complexes et accentuent naturellement les risques pesant sur la chaîne globale ».
A ce jour, les matières premières sont fabriquées hors de l’Union Européenne dans 60 à 80 % des cas (cette proportion n’était que de 20 % il y a 30 ans).
La Chine produit 52,9 % des principes actifs, l’Inde 22,2% et Israël 17,7%, selon l’Agence Nationale de sécurité du médicament.
Une défaillance sur un des sites de fabrication peut donc paralyser toute la chaîne. Et plus la chaîne est fragmentée, plus les risques s’accroissent. Voici quelques exemples de défaillances dans la chaîne de production et de livraison d’un médicament :
- Des problèmes climatiques ou politiques dans les pays fabricant la matière première (Chine, Inde) ne permettent pas d’assumer les volumes de production nécessaires.
- La matière première ne répond pas aux exigences de qualités européennes.
- Des problèmes techniques peuvent survenir lors de la fabrication
- Un nombre trop restreint d’entreprises qui fabriquent le médicament (quand plusieurs entreprises décident de fusionner).
- Une limitation des stocks chez les grossistes en médicaments (distributeurs) qui gèrent de plus en plus à flux tendus.
- Une distribution privilégiée vers des destinations dont les prix sont plus avantageux.
Va-t-il falloir s’habituer aux ruptures de médicaments ?
Il y a de fortes chances que ces ruptures de stock fassent partie de notre quotidien, puisque la mondialisation avec la fabrication extérieure des matières premières ne va pas s’arrêter demain.
Quelques entreprises décident même d’arrêter la commercialisation de certains médicaments dont le seuil de rentabilité est devenu trop bas…
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