Trop d’hygiène peut-il nuire à la santé ?
Publié le 13 mars 2014 à 09:00
La fréquence des allergies de l’enfant a doublé depuis 20 ans… L’excès d’hygiène pourrait-il être mis en cause ?
Allergies, hygiène et environnement
L’hygiène est l’ensemble des précautions et des mesures qui servent à se protéger et à se maintenir en bonne santé.
Cependant, depuis une vingtaine d’années, le nombre d’allergies a doublé : les chercheurs se sont donc penchés sur les raisons d’un tel phénomène, et notamment, sur le rôle de l’hygiène.
A quoi sont dues les allergies ?
Le processus allergique se met en place lors d’une hypersensibilité du système immunitaire à une substance normalement inoffensive.
Certes, même si personne n’est égal devant l’immunité (puisque le système immunitaire repose sur la génétique, l’acquis, mais aussi sur les conditions de vie), l’environnement et notamment la confrontation à divers virus, bactéries ou parasites permettent à l’enfant de mettre en place des armes pour se défendre et construire son système immunitaire.
Plusieurs résultats confirment cette constatation
En Afrique, moins de 5% des enfants sont allergiques alors qu’ils vivent bien souvent sans eau potable et dans des conditions d’hygiène minimales. A l’inverse, dans les pays scandinaves où l’hygiène est poussée à son optimum, 25 % des enfants sont allergiques.
Les enfants exposés très tôt à des infections bactériennes ou à des parasitoses multiples (comme les enfants qui vont à la crèche par exemple) sont souvent moins allergiques que les enfants élevés en milieu aseptisé.
Les problèmes allergiques sont beaucoup plus fréquents chez les enfants élevés en ville, qui vivent dans des appartements trop bien isolés, surchauffés, climatisés et surchargés de composés issus des produits d’entretien, que chez les enfants élevés à la campagne, qui vivent au contact des animaux et de plantes variées.
Les dermatites atopiques (eczéma du nourrisson) sont d’autant plus fréquentes que les parents ont des revenus élevés.
La coexistence des microbes et des enfants peut donc être bénéfique : c’est au contact des bactéries et autres germes que l’enfant construit son système immunitaire et l’absence de stimulation, chez les tous jeunes enfants, pourrait être responsable d’excès immunitaires caractéristiques de l’allergie.
De l’hygiène, oui ! Mais pas trop…
Attention, il n’est pas question de remettre en cause les progrès apportés par l’hygiène depuis un siècle ! Même si le niveau d’allergie augmente avec le niveau d’hygiène, la mortalité infantile a très nettement baissé à mesure que l’hygiène collective a progressé et que l’accès à l’eau potable a été possible pour tous.
De même, il est hors de question d’abandonner les vaccinations sous prétexte de ne garder que l’immunité naturelle au risque de mourir d’un tétanos, d’une méningite ou d’une poliomyélite !
Quelques conseils peuvent cependant être suivis
Il faut évidemment continuer de respecter les règles classiques de propreté sans pour autant avoir la phobie des microbes et sans tout désinfecter, du sol au plafond, comme le suggèrent actuellement certaines publicités.
Il ne faut pas enfermer les enfants (été comme hiver) dans des appartements aseptisés, mais plutôt les habituer très tôt à se confronter à l’air extérieur et à ses microbes.
Pour se laver, il faut utiliser un savon classique, mais certainement pas un savon antiseptique qui détruit les bactéries non dangereuses qui couvrent notre peau et empêchent les microbes agressifs de s’y installer.
Il ne faut pas tomber dans le piège des antibiotiques à chaque fois que le nourrisson a une petite rhinite (alors que, généralement, de simples lavages de nez suffisent).
En ce qui concerne l’hygiène intime, une étude a démontré que le risque d’infection du vagin était augmenté de 40 % chez les femmes qui pratiquent une douche vaginale au moins une fois par mois. Une toilette externe suffit donc pour limiter la prolifération des germes, alors qu’une hygiène excessive risque de détruire la flore locale et de créer des irritations.
Actuellement des chercheurs soupçonneraient même qu’un excès d’hygiène pourrait favoriser l’apparition de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaque ou le diabète insulinodépendant. Cette théorie reposerait sur le fait que si le système immunitaire n’est pas assez sollicité, il finit par perdre sa combativité.
Une hypothèse futuriste envisagerait même d’administrer des bactéries rendues inoffensives très tôt dans la vie à des enfants à risques.
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