Vers un don d'organes automatique sans l'accord de la famille ?
Publié le 13 avril 2015 à 14:00
Le projet santé se poursuit à l’Assemblée Nationale avec une nouvelle mesure, adoptée par les députés dans la nuit de vendredi à samedi, concernant les dons d’organes : les personnes décédées n’étant pas inscrites sur le registre des refus pourront être prélevées de leurs organes sans l’accord de leur famille.
Des prélèvements sans l’accord de la famille
Jusqu’à présent, lorsqu’une personne décédait sans être inscrite sur le Registre officiel pour notifier son refus de donner ses organes, sa famille avait le droit de s’opposer au don d’organes.
Dorénavant, si le défunt n’est pas inscrit sur la liste officielle des refus, les médecins pourront prélever ses organes sans l’accord de la famille : le consentement au don d’organes sera présumé chez toute personne majeure décédée et ce, à partir de 2018.
Les proches seront seulement « informés des prélèvements envisagés et de la finalité de ces prélèvements ».
Par ailleurs, les députés ont également voté un amendement qui permettra d’exprimer son refus de prélèvement par plusieurs moyens et non plus seulement par l’intermédiaire du Registre officiel des refus. Ces moyens seront fixés par décret en 2017.
Pourquoi une telle mesure ?
En France, près de 19 000 personnes attendent une greffe à l’heure actuelle.
Alors que 80 % des français se disent prêts à donner leurs organes, le taux de refus s’élèvent pourtant à près de 40 % ! Comment expliquer cela ? Très souvent par le refus des familles, qui, sous le choc émotionnel du décès, ne parviennent pas à prendre la décision du don d’organes.
Les députés ont donc voté cette nouvelle mesure pour augmenter le nombre de dons d’organes, en évitant le refus des familles au moment du décès.
Une décision qui devrait réjouir les associations… Pourtant, cela ne semble pas être le cas. Pourquoi ?
Une mesure qui dérange
La plupart des médecins, des infirmiers et même la Fédération des Associations pour le don d’organes et de tissus humains (France ADOT) estiment cependant qu’un prélèvement d’organes sans l’accord des familles semble inconcevable : « Nous redoutons une très forte levée de boucliers (elle se manifeste déjà) contre ce projet. Cela le rendrait inapplicable et pourrait entraîner une forte chute des dons, une méfiance des familles et la remise en cause de la volonté d'être donneur chez nombre de nos concitoyens ».
Et comme le précise Pierre Noir, vice-président de France ADOT : « Faire participer la famille dans l’acte de générosité que constitue le don, comme c’est le cas aujourd’hui, est primordial et important pour le travail de deuil. Comment accepter qu’une infirmière coordinatrice arrive en disant simplement à la famille : « le défunt n’est pas inscrit au registre des refus, je viens de prélever ses organes » ? ».
France ADOT suggère plutôt d’autres solutions comme une meilleure information du public et une formation plus adaptée du personnel hospitalier pour accueillir les familles en détresse.
Elle propose également de modifier le Registre national des refus en Registre national des positionnements afin que les volontés du défunt soient respectées.
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