Faut-il redouter le traitement hormonal de la ménopause ?
Publié le 26 février 2018 à 11:00
Le traitement hormonal de la ménopause a été longtemps controversé. Risque accru de cancer du sein, peur de grossir…Pourtant, on sait qu’il améliore la qualité de vie lors de cette période de la vie parfois difficile à supporter, et l’on sait également qu’il apporte des bénéfices évidents pour lutter contre le cancer du côlon et l’ostéoporose.
Une bien meilleure qualité de vie
On connait le traitement hormonal de la ménopause car il permet de lutter contre les nombreux désagréments liés à cette période de la vie, et notamment :
- les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes,
- la fatigue, les troubles du sommeil, l’irritabilité, l’émotivité, la colère et parfois même, la tendance dépressive,
- la sècheresse vaginale et la baisse du désir sexuel,
- le vieillissement avec amincissement et sècheresse de la peau, plus sujette aux rides,
- et parfois une poussée accrue de poils ou une chute de cheveux.
Le traitement hormonal est généralement à base d’œstrogènes et de progestérone :
- Les œstrogènes sont souvent administrés par voie cutanée, en continu ou avec un arrêt de quelques jours, soit par application d’un gel sur la peau, soit par un patch à coller contenant l’hormone et la laissant filtrer à travers la peau.
- La progestérone, en comprimé, est associée au moins 12 jours par mois, dans le but de protéger la muqueuse utérine et d’éviter tout risque de cancer du col de l’utérus.
Pourtant, malgré le réel bien-être qu’il procure, il est souvent redouté par les femmes.
Pourquoi les femmes redoutent-elles le traitement hormonal ?
Deux raisons majeures sont évoquées pour expliquer un rejet du traitement hormonal :
- La peur de grossir : cependant, contrairement aux idées reçues, le traitement hormonal ne provoque pas de prise de poids, s’il est bien dosé et équilibré.
- Et surtout la crainte du cancer du sein : l’augmentation de ce risque avec le traitement hormonal a été longtemps controversée. Il semble effectivement y avoir une très faible augmentation de ce risque quand il associe œstrogène et progestatif de synthèse, mais pas de risque avec œstrogènes et progestérone naturels.
D’ailleurs les conclusions d’une série de 4 articles publiés dans The Journal of Family Planning and Reproductive Health Care, parus en janvier 2012, qui avaient décortiqué scrupuleusement la méthodologie de très nombreux essais cliniques portant sur des centaines de milliers de femmes ont montré que les preuves restaient insuffisantes : les chercheurs n'affirment pas que le traitement hormonal soit inoffensif, mais ils précisent qu'il n'y a pas de preuve claire que ces traitements augmentent le risque de cancer de sein.
Toutefois, par précaution, les médecins ne prescrivent pas ce traitement hormonal chez les femmes ayant un antécédent personnel de cancer du sein.
Il est également important de se rappeler que les femmes qui sont sous traitement hormonal ont toujours un suivi gynécologique régulier (puisque le traitement est sous prescription médicale) permettant ainsi de détecter une lésion cancéreuse précocement, avec un bien meilleur pronostic, alors que certaines femmes sans traitement ne sont jamais suivies et prennent de le risque de passer à côté d’un début de cancer.
Par ailleurs, hormis le fait que le traitement hormonal améliore la qualité de vie des femmes, il possède d’autres bénéfices souvent moins connus par la population générale et pourtant non négligeables pour la santé.
Le traitement hormonal efficace contre le cancer du côlon
Des études ont démontré que le traitement hormonal de la ménopause, utilisé de façon continue, réduit le risque de développer un cancer du côlon ou du rectum.
Les conclusions d’une étude portant sur 57 000 femmes ménopausées ont montré qu’un traitement hormonal œstro-progestatif suivi pendant 5 ans peut réduire de 45 % le risque de développer une tumeur du côlon. L’effet est moins marqué avec un traitement uniquement à base d’œstrogènes qui n’abaissent ce risque que de 17 %.
Une diminution très nette du risque de fracture
A la ménopause, la diminution naturelle des hormones provoque une fragilisation des os. En effet, les œstrogènes ont un rôle protecteur pour l’os en exerçant un frein sur la destruction osseuse.
Le traitement hormonal permet de compenser la carence en œstrogènes : il permet donc de lutter contre l’ostéoporose qui augmente, de façon considérable, les risques de fractures. De nombreuses études ont montré que le traitement hormonal diminue d’environ 50 % l’incidence des fractures de vertèbres ou de hanche.
Il ne faut pas oublier que l’ostéoporose est une pathologie à ne pas prendre à la légère : en effet, elle est souvent à l’origine d’une altération de la qualité de vie (problème de marche après une fracture, douleurs dans le dos…), ainsi que d’une augmentation de la mortalité secondaire aux fractures.
Avec tous ces éléments, à vous de faire votre propre opinion, et si cela vous semble difficile, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin.
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