Comment faut-il parler des événements de Paris à nos enfants ?
Publié le 16 novembre 2015 à 17:41
Faut-il ou non aborder les attentats de ce week-end avec nos enfants, même les plus jeunes ? Comment en parler ? Avec quels mots ? Karine Lys, psychologue à Rochefort sur mer, nous donne ses conseils.
L’échange est très important
Il est fondamental de parler des événements de Paris avec vos enfants car "ils sont très empathiques et ressentent très bien le malaise ambiant ainsi que votre angoisse et votre tristesse actuelle".
Si vous n’échangez pas avec eux, ils risquent très vite de se sentir responsable de la situation et un sentiment dramatique de culpabilité va s’installer en eux.
"Il est très important de les déculpabiliser", de leur expliquer que votre tristesse n’est pas du tout de leur fait et qu’ils n’ont rien fait de mal.
A partir de quel âge doit-on en parler à ses enfants ?
"Vous devez en parler avec eux dès leur plus jeune âge, c’est-à-dire dès que la maîtrise du langage est acquise, entre 18 mois et 2 ans."
En effet, l’échange et le fait de mettre des mots sur les événements actuels sont très importants même chez les tous petits qui sont encore plus en symbiose avec leurs parents que les plus grands et qui ressentent donc parfaitement leur tristesse.
Sachez que dès le plus jeune âge, le sentiment de culpabilité existe, les enfants s’imaginant tout simplement qu’ils ont fait une bêtise et que c’est pour cette raison que vous n’êtes pas comme d’habitude, que vous ne leur souriez pas de la même façon, que votre visage est plus fermé.
Choisir les mots justes même s’ils sont durs
"Il est important de choisir les mots justes", quel que soit l’âge de l’enfant : pour les plus petits il suffira tout simplement d’expliquer que vous êtes triste par ce qu’il y a des méchants à Paris qui ont tué des personnes gentilles.
Chez les jeunes enfants, "n’hésitez pas à utiliser des mots appropriés même s’ils vous semblent durs" : mort, arme, bombe, guerre (n’oubliez pas que dans les dessins animés ces mots apparaissent régulièrement, combien de fois, dans Tex Avery par exemple, les héros envoient des bombes pour éliminer leur adversaire).
Donc même si ces mots vous semblent difficiles à entendre ou à prononcer, les enfants les comprennent très bien et ont une image de ce que cela représente (même si c’est en dessin animé).
Ils comprennent alors ce qui se passe et pourquoi vous n’êtes pas comme d’habitude tout en étant rassuré de ne pas être la cause de votre tristesse.
Chez les adolescents, le débat peut être plus profond, avec des explications plus détaillées, comme par exemple sur l’organisation qui a perpétré ces attentats. Mais de toute façon, il faut également en parler.
Un partage d’émotion essentiel pour l’enfant
"Il est fondamental, dans notre société humaine, de faire participer tout le monde, du plus petit au plus grand, à ce partage d’émotions sans quoi l’enfant ou les enfants se sentiront exclus". L’enfant doit absolument participer sinon le cycle de culpabilité réapparaît.
Ceci est d’ailleurs tout particulièrement valable lorsqu’il y a un deuil dans une famille : il est impératif de partager le deuil avec l’enfant, de lui faire comprendre pourquoi on est triste afin qu’il partage ce sentiment de tristesse présent dans toute la famille sans se sentir exclu.
Savoir écouter et rassurer
Il est également très important d’écouter ce que l’enfant a à dire pour pouvoir le rassurer si besoin et pour pouvoir lui donner des explications si des choses lui semblent confuses.
Par ailleurs, en tant qu’adulte, il est essentiel de rassurer nos enfants, de leur dire que même si nous avons peur, si nous sommes angoissés, si nous paraissons impuissants face aux événements, "nous avons le devoir de trouver des solutions et de prendre des décisions" (car c’est le rôle des adultes de trouver des solutions aux problèmes) :
- le président, les politiciens, la police, l’armée… vont chercher et trouver des solutions à leur niveau,
- et, nous, à notre niveau, nous allons également prendre des décisions afin de faire face : des solutions qui peuvent parfois être des plus simples comme continuer à faire des choses, à sortir, à rire, bref tout simplement à vivre.
Le fait de proposer des solutions, de montrer que vous allez faire face permettra de rassurer votre enfant.
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