Connaissez-vous l’érotomanie ou l’amour à la folie ?
Publié le 13 mars 2015 à 11:00
Avez-vous déjà vu les films "Adèle H" (où Adèle s’éprend d’un officier qu’elle poursuit des années durant avant de sombrer dans la folie) ou encore "A la folie, pas du tout" (avec Audrey Tautou qui tombe amoureuse d’un cardiologue marié et qui fera tout pour faire casser son couple) ? Dans tous ces films, les héroïnes sont persuadées d’être aimée par des hommes, alors que ça n’est pas le cas du tout. Ces femmes sont toutes atteintes d’érotomanies : mais savez-vous ce que c’est exactement ?
L’érotomanie fait partie des délires paranoïaques passionnels qui peuvent parfois virer au drame.
Un amour imaginaire
L’érotomane, le plus souvent une femme, a l’intuition qu’une personne lui a déclaré son amour… mais pas directement, en fait.
Simplement par un signe compréhensible uniquement par elle-même : « il m’a regardé d’une façon qui ne trompe pas », « il m’a tenu la porte de l’ascenseur en me regardant avec insistance », « il m’a serré la main en la gardant plus que nécessaire »…
En règle générale, ce soi-disant amoureux transi est quelqu’un de connu ou qui exerce une profession auréolée (médecin, prêtre, professeur, personnage célèbre…).
La phase de l’amour
Dans l’esprit de l’érotomane, c’est toujours l’autre qui l’a sollicité en premier. Alors, sûre d’être aimée, elle interprète chacun des faits et gestes de l’autre comme des témoignages de passion.
L’érotomane va, à son tour, lui témoigner qu’elle a entendu cet amour et qu’elle l’accepte. Pour cela, elle va lui envoyer des mots doux, lui téléphoner, fera en sorte de se trouver régulièrement sur son chemin, le suivra…
Même si l’homme est marié, elle considère ce fait sans valeur ni signification « il n’aime plus sa femme », « elle le retient malgré lui », « il est trop gentil pour se séparer d’elle, mais, en réalité, il n’aime que moi »… Son silence est juste une obligation pour ne pas dévoiler ses sentiments.
Il est important de noter qu’il s’agit d’un amour platonique : la sexualité n’est pas présente dans ce délire.
La phase de dépit
Au bout d’un certain temps, qui peut durer plusieurs mois, voire des années, l’érotomane se rend compte que ces signaux restent sans retour et qu’elle est repoussée.
Elle se sent alors profondément blessée et une phase de dépression peut s’installer car elle perd sa raison d’exister.
La phase de rancune
Atteinte dans son narcissisme, l’érotomane ne reste pas longtemps dans sa phase dépressive : pour elle, la seule façon de ne pas s’effondrer est de projeter sur l’autre sa rancune et sa haine.
On peut alors assister à de véritables persécutions, menaces, voire des passages à l’acte violents (coups et blessures, meurtres…).
Des causes mal connues
Les origines de l’érotomanie sont mal définies.
La seule chose qui soit certaine, c’est que ce n’est pas génétique.
Certains spécialistes pensent que l’érotomane est une personne qui comble un manque affectif. Le fait qu’elle imagine que le soi-disant amoureux veille sur elle, la protège, laisse penser qu’il existe une difficulté dans le lien précoce avec la mère : l’érotomane trouve dans l’homme qu’elle désire quelqu’un qui ne va s’occuper que d’elle et dont elle espère combler tous les manques.
Existe-t-il un traitement ?
Dans les cas graves où l’érotomanie conduit à une dangerosité, des médicaments antipsychotiques ou neuroleptiques peuvent être utilisés.
Par ailleurs un traitement avec un psychothérapeute est toujours proposé avec le risque que la patiente prenne le médecin comme nouvel objet de sa passion !
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